Handicap et politique : oui, il faut une révolution des mentalités !

Publié le par Julien Richard

Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat auprès du Premier Ministre, et Julien Richard, responsable du pôle Municipales inclusives de l'Inclusion En Marche.

 

La Secrétaire d'Etat Sophie Cluzel pousse aujourd'hui un coup de gueule dans les pages du Parisien : les partis politiques n'ouvrent pas assez leurs portes aux personnes en situation de handicap ! Une situation que je connais, pour être moi-même handicapé. Un combat permanent, pour lutter contre les a-priori, les regards de défiance, le rejet... Pour mettre devant le handicap (et donc la diversité) un grand signe "PLUS" et non un signe "moins". En 2018 j'ai reçu le soutien d'Olivier Paolini, président de l'association l'Inclusion En Marche!  pour élaborer une Charte du Candidat Inclusif, que nous faisons signer aujourd'hui aux candidats aux élections municipales. Je remercie chaleureusement le Secrétaire d'Etat Adrien Taquet pour sa contribution à nos travaux.
Très récemment j'ai rédigé une tribune sur cette question dans le JDD : oui, il faut une révolution des mentalités. Je suis très fier que ce texte ait été signé par plusieurs handicapés qui se lancent en politique comme mon ami Matthieu Annereau à St Herblain (par ailleurs président de l'Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées APHPP, dont je suis membre), Charles Rozoy à Dijon, Yanis Bacha à Paris, Caroline Pilastre à Boulogne, Flavienne Elom à Courbevoie... Voici ce texte, écrit pour donner de la motivation et du courage à toutes les personnes handicapées désireuses de prendre part activement au débat démocratique et à l'action publique.

"Force est de répéter cette évidence, maintes fois démontrée par des études diverses : le handicap reste la principale cause de discrimination en France. Les 12 millions de concitoyens atteints d'un handicap demeurent des invisibles, trop souvent rejetés en marge de la société. Dans le monde politique, cette vérité est encore plus criante et insupportable à nos yeux de militants pour une société inclusive. Certes, on note actuellement de réels progrès. Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge du handicap, l'a confirmé : 300.000 personnes souffrant d'un handicap mental vont enfin pouvoir voter aux élections municipales, c'était l'une des promesses du gouvernement. L'Etat promet aussi de porter une attention particulière à l'accessibilité des bureaux de vote, qui est une obligation légale mais qui n'a pas toujours été respectée par le passé.

Mais au-delà de la participation aux opérations de vote, c'est bien l'implication des personnes en situation de handicap dans la vie de la cité, donc dans la politique, qui apparaît déterminante pour que les choses évoluent enfin en profondeur.

Nous écrivons précisément cette tribune aujourd'hui car nous sommes en situation de handicap ou à besoins spécifiques et pourtant nous avons décidé de nous impliquer activement dans les prochaines élections municipales de mars 2020. Surtout, nous souhaitons être imités!

A dire vrai, personne ne sait combien notre pays compte de personnes handicapées exerçant un mandat, faute de recensement. Force est de reconnaître qu'elles sont très, très rares.

On peut trouver de multiples raisons, relevant d'une part du peu de place fait aux personnes en situation de handicap par les partis politiques et d'autre part, d'une sorte d'autocensure et d'une absence de mobilisation des personnes elles-mêmes.

Trop souvent, ces dernières sont confrontées à de terribles difficultés dans la vie quotidienne : problèmes d'accessibilité, santé déficiente, difficultés sociales et précarité pour certaines d'entre elles... Difficile dans ces conditions de s'investir dans le militantisme et la vie de la cité.

Une autre raison à leur faible activisme tient davantage de la psychologie et du manque de confiance en soi, nourri par le regard porté sur le handicap par la société. La personne en situation de handicap est trop souvent maintenue dans une situation de marginalité et de dépendance, qui n'incite pas à prendre l'initiative. Ainsi, la dépendance est en partie réelle, mais aussi en partie dans les têtes. Or notre démocratie a besoin de tout le monde. Par définition tout le monde est concerné par la chose publique! Nous plaidons pour une révolution des mentalités.

Ce n'est qu'en multipliant les représentants politiques en situation de handicap que la situation évoluera vraiment. A travers l'association l'Inclusion En Marche, nous avons déjà obtenu que deux engagements soit annoncés par La République En Marche : que chaque liste aux municipales comprenne des candidats en situation de handicap (notre proposition est un objectif ambitieux de 15%, à l'image de la société française) et que chaque maire nomme un adjoint handicapé, qui ne sera pas chargé spécialement du handicap, mais d'une délégation en fonction de ses compétences et aspirations : finances, culture, urbanisme...

Nous attendons que tous les partis reprennent cet engagement.

Pour l'heure, nous, signataires de cette tribune, sommes déjà sur le terrain, dans nos communes, pour faire partager nos convictions et échanger avec nos concitoyens. Nous prenons l'engagement d'être des élus exemplaires, de représenter la population française dans toute sa diversité, et à construire ensemble une véritable société inclusive dans nos villes et nos villages."

Soirée sur les municipales inclusives, à Boulogne, le 15 janvier 2020 / Avec Adrien Taquet, soirée LaREM 92.
Soirée sur les municipales inclusives, à Boulogne, le 15 janvier 2020 / Avec Adrien Taquet, soirée LaREM 92.

Soirée sur les municipales inclusives, à Boulogne, le 15 janvier 2020 / Avec Adrien Taquet, soirée LaREM 92.

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